La semaine passée, le 18 juillet 2019, Nawaf Moussaoui, député du Hezbollah au Parlement libanais, a présenté sa démission.
Nawaf Moussaoui était ce genre de député conservateur prêt à renier la place des femmes dans la société. Il veillait à ce que la loi soit appliquée dans les tribunaux religieux à l’encontre des épouses adultères, des épouses demandant le divorce (et donc leur émancipation), et que soit reconnu les mariages pédophiles (il défendait les positions d’Hassan Nasrallah, également membre du Hezbollah, d’épouser des filles mineures).
En 2014, ce même Moussaoui – sur la même ligne que le Hezbollah – s’opposait à l’idée d’une loi de protection des femmes contre la violence domestique. L’intégrité faite homme.
Pourtant, ce 18 juillet, les choses ont changé pour lui. Il demande dorénavant la reconnaissance du mariage civil ainsi qu’un amendement de la loi de protection des femmes pour y inclure la prise en compte de la violence verbale et du harcèlement moral.
Pourquoi ? Mais parce qu’il est concerné de plein fouet, pardi ! Sa fille a été répudiée par son mari.
En raison des lois que son député de papa a si ardemment défendu, il est interdit à sa fille d’approcher ses enfants tandis qu’elle est mise au ban de la société.
Une vraie prise de conscience pour ce cher Nawaf.
Du coup, pourquoi je vous parle de ça alors que le titre vise le chômage ?
Parce que les ressorts sont les mêmes qu’il s’agisse de chômage, de maladie, d’orientation sexuelle orthogonale à la bien-pensance, … Cela engendre le même type d’exclusion selon le lieu et l’époque.
Aussi, il est facile de légiférer contre tant qu’on est pas concerné. D’isoler les individus et de juger leur place dans la société.
C’est le cas dernièrement pour les chômeurs chez nous, en France. Ces fichus privilégiés à qui on reproche de vivre un temps sur leur cotisation, ces fameuses charges sociales qui empêchent tant les employeurs de ne pas embaucher.
Ces pauvres types incapables de traverser une rue verront prochainement sanctionner du fait de cette splendide publication du journal officiel, parue le jour d’arrivée du tour de France, et week-end de grand chassé-croisé : la réforme de l’assurance chômage.
Au programme des festivités, un allongement des périodes de boulot ouvrant droit à indemnité, une réduction des indemnités, une complexité d’accessibilité pour les sans qualification. En bref, une précarité accrue pour ceux qui galèrent comme des cons.
Pour compenser son iniquité générale, le texte inclut la possibilité d’être indemnisé même en cas de démission. Et on se félicitera de la mise en place du bonus-malus sur les contrats courts, s’il vous plaît.
Il n’empêche que les précaires sortiront rapidement des tableaux statistiques. Qu’ils embelliront artificiellement les données et qu’on ne manquera pas de nous claironner la baisse du chômage. Si ça se trouve, ça arrivera même pile à l’heure pour une prochaine échéance électorale majeure. Cette aubaine.
Malheureusement, par la grâce du népotisme, il y a peu de chance que la gangrène de l’inemploi touche les proches de nos parlementaires, et que se lève un bataillon de Nawaf Moussaoui dans nos assemblées pour stopper ce jeu clivant.
On continuera donc de stigmatiser ceux qui ne demandent qu’à vivre gentiment le temps de retrouver un boulot. Après tout, ils sont payés pour ça, non ? Et puis ça évite de s’intéresser de trop près aux évasions de capitaux. Faudrait pas mélanger.
Vivement qu’on agresse malades et retraités. Pour les fonctionnaires, c’est déjà fait. En plein été également, le 23 juillet 2019.