Dubravka Ugrešić est une écrivaine, essayiste et universitaire croate dont l’œuvre traverse les frontières et explore les thèmes de l’exil, de l’identité et de la mémoire. Née le 27 mars 1949 à Kutina, en Yougoslavie (aujourd’hui en Croatie), Ugrešić est devenue une figure majeure de la littérature européenne contemporaine. Dans cet article, nous aborderons sa biographie, ses œuvres les plus marquantes et sa place dans le monde de la littérature et de l’art.
I. Biographie et vie de Dubravka Ugrešić
Dubravka Ugrešić a commencé sa carrière en tant que chercheuse et enseignante à l’Université de Zagreb. Après l’obtention de son diplôme en littérature comparée et en philologie russe, elle a travaillé sur la littérature russe et soviétique, tout en publiant des articles et des critiques littéraires.
Lorsque la guerre éclate en Yougoslavie au début des années 1990, Ugrešić est profondément affectée par les violences et la désintégration de son pays natal. Elle prend alors la décision de quitter la Croatie pour s’installer aux Pays-Bas. Cette expérience d’exil imprègne son écriture et donne naissance à des œuvres qui abordent des questions universelles telles que l’identité, le déracinement et la mémoire.
II. Œuvres majeures de Dubravka Ugrešić
Parmi les œuvres les plus marquantes de Dubravka Ugrešić, on peut citer :
- « Forsiranje romana-reke » (1988) : Ce roman postmoderne, dont le titre peut être traduit par « L’offensive du roman-fleuve », joue avec les frontières entre fiction et réalité, en mêlant récits historiques et imaginaires. L’œuvre reflète la fascination d’Ugrešić pour la littérature russe et explore les liens entre la littérature et le pouvoir.
- « Američki fikcionar » (1993) : Dans ce recueil d’essais, Ugrešić aborde la question de l’identité culturelle à travers son expérience personnelle de l’exil. Elle examine les mécanismes de l’assimilation culturelle et les illusions du rêve américain.
- « Ministarstvo boli » (2004) : Traduit en français sous le titre « Le Ministère de la Douleur », ce roman met en scène une professeure d’université exilée aux Pays-Bas qui enseigne à ses étudiants l’art de la nostalgie. À travers ce récit, Ugrešić explore les thèmes de l’exil, de la mémoire et du traumatisme collectif.
- « Baba Jaga je snijela jaje » (2007) : « Baba Yaga a pondu un œuf » est un roman qui s’inspire des contes de fées slaves pour raconter l’histoire de trois femmes âgées confrontées à la vieillesse et à l’oubli. En mêlant réalisme et fantastique, Ugrešić aborde des questions telles que la féminité, la maternité et la marginalisation sociale.
- « Karaoke Kultur » (2011) : Ce recueil d’essais, où l’auteure décrit la culture contemporaine comme une « culture du karaoké », explore les effets de la mondialisation et de la commercialisation de l’art. Ugrešić critique la superficialité des médias et la perte d’authenticité dans la culture moderne.
- « Lisica » (2017) : Dans « La Renarde », Ugrešić raconte l’histoire d’une écrivaine qui entame un voyage à la recherche de l’inspiration et de la vérité. Ce roman explore les thèmes de la création littéraire, de l’identité et du pouvoir de l’imagination.
III. La place de Dubravka Ugrešić dans la littérature et l’art
Avec son écriture riche et polyphonique, Dubravka Ugrešić occupe une place importante dans la littérature contemporaine. Son œuvre, qui transcende les frontières géographiques et culturelles, se caractérise par une profonde empathie envers les individus déracinés et marginalisés.
Ugrešić est également reconnue pour sa capacité à mélanger les genres littéraires et à jouer avec les conventions narratives. Ses romans et essais sont souvent marqués par l’humour, l’ironie et une réflexion critique sur la société et la culture. Cette démarche artistique en fait une auteure incontournable pour quiconque s’intéresse à la littérature européenne contemporaine.
Son engagement en faveur de la liberté d’expression et de la tolérance lui a valu de nombreuses récompenses et distinctions, dont le prix Tucholsky en 1998, le prix de l’essai Charles Veillon en 2004, le prix Jean Améry en 2012 et le prix Neustadt International en 2016.
Dubravka Ugrešić, l’une des plus grandes figures de la littérature contemporaine des Balkans, est une auteure dont l’œuvre interroge sans cesse les notions d’identité, d’exil et de mémoire. Sa contribution à la littérature européenne est marquée par une profonde humanité et un sens aigu de l’observation. Ses textes, empreints d’humour et de lucidité, invitent à une réflexion sur les enjeux contemporains, faisant d’elle une figure majeure de la scène littéraire et artistique internationale.
Elle s’est éteinte le 17 mars 2023 à Amsterdam à l’âge de 73 ans.
La BNF lui rend un hommage à titre posthume (suivre le lien vers BNF)