Condamné à mort pour l’assassinat de sa compagne, William Kemmler est le premier à expérimenter l’exécution par chaise électrique.
Il a 39 ans.
Il est 4h du matin dans la prison de New York où il est incarcéré.
Le médecin de la prison et l’aumônier entrent dans sa cellule. Il leur dit « Vous venez me faire vos adieux. Je suis prêt, et j’espère que Dieu me recevra auprès de lui. »
Nous sommes le 6 août 1890.
A 6h38, William Kemmler est emmené en salle d’exécution. Le New York Herald décrit précisément traduit plus tard par L’Univers Illustré :
Kemmler tourna le dos au jury, ôta son habit et le remit au gardien. Son pantalon avait été coupé dans le bas du dos, pour laisser voir la base de l’épine dorsale.
Alors Kemmler marcha dans la direction de la porte et commença à déboutonner son gilet. Le gardien Durston lui dit qu’il n’était pas nécessaire de quitter son gilet. Kemmler se reboutonna tranquillement. « Ne vous troublez pas, dit le gardien à Kemmler, qui était très calme d’ailleurs, le plus calme de tous les assistants.
Kemmler s’assit alors dans la chaise électrique aussi tranquillement que s’il se fût agi de s’asseoir pour dîner. On commença aussitôt à ajuster les courroies autour du corps de Kemmler, qui offrait ses bras lui-même.
Quand les courroies furent arrangées, Kemmler dit: « Gardien, prenez votre temps. Ne vous pressez pas. Assurez-vous que tout est bien prêt. »
Alors le gardien mit sa main sur la tête de Kemmler et la fixa contre la bande de cuivre qui garnissait le dos de la chaise. Kemmler dit à haute voix: « C’est bien ; je vous souhaite à tous bonne chance. »
Le sheriff Violing abaissa le casque de cuivre qui pressa l’éponge contre le sommet de la tête. « Je vous assure, dit Kemmler, que vous pourriez presser davantage. »
On fit ce qu’il disait. Le gardien Durston prit les courroies qui devaient fixer la tête de Kemmler. Pendant l’opération, le docteur Spitzka dit : « Dieu vous bénisse, Kemmler. – Merci, répondit le condamné. »
Le corps du condamné sursauta violemment ; les membres se contractèrent et la secousse amena une contraction effroyable du visage. Le condamné poussa un profond soupir, puis le corps se raidit. Après que le courant électrique eut duré une demi-minute à peu près, il fut arrêté, et les médecins s’approchèrent du supplicié. Après un examen sommaire, trois médecins déclarèrent que Kemmler était mort, mais un quatrième, le docteur Busch, fit observer qu’un souffle semblait sortir encore de la bouche… À peine avait-il fait cette observation que la poitrine de Kemmler se souleva convulsivement, et l’on vit de nouveau se produire des contorsions horribles du corps et des mouvements saccadés de la mâchoire. Kemmler n’était pas mort.Tous les assistants étaient pénétrés d’horreur. L’un des journalistes présents s’évanouit.
Mais le courant ne put de suite être rétabli. On vit alors les choses les plus horribles. L’écume coulait des lèvres de Kemmler. Un souffle semblait sortir de la bouche ; la poitrine se soulevait. C’étaient des contorsions horribles. Quand le courant fut rétabli, on vit s’élever du corps une vapeur blanche avec une odeur épouvantable. Le corps brûlait. On cria qu’il fallait interrompre le courant.
Le courant fut interrompu, Kemmler était bien mort.
L’exécution aura duré 13 minutes.
Qui a inventé la chaise électrique ?
L’inventeur de la chaise électrique est Harold Brown (1857-1932), un ingénieur moustachu. Il est soutenu dans sa démarche par Thomas Edison, le docteur F. Petersen et d’autres spécialistes du courant alternatif électrique.
Réputé pour provoquer une mort immédiate et sans douleur, le dispositif sous-tendant la chaise électrique n’avait été essayé que sur des animaux qui crevaient pour l’essentiel dès une décharge 700 volts.
La réalité a prouvé le contraire.
Jusqu’à quelle date la chaise électrique a-t-elle été utilisée ?
Malgré les débats qui ont secoué l’opinion dès sa mise en oeuvre, l’usage de la chaise électrique n’a pas été abandonné pour autant.
Il a perduré jusqu’au 17 janvier 2013. La chaise électrique n’a été remplacée progressivement par l’exécution par injection léthale.
Le dernier mort électrocuté par chaise électrique se nommait Robert Gleason, un meurtrier multirécidiviste.
Il s’est éteint quand on l’a allumé à Jarratt, dans l’Etat de Virginie.